Campagne céréalière 2012/2013 Avec le retour de la Mer noire, vendre du blé hors de l’UE sera plus difficile

Paradoxale. C’est ainsi que s’annonce la prochaine campagne de production et de commercialisation de céréales à paille. FranceAgriMer, qui a tenu son dernier conseil spécialisé ce 12 juin, n’est pas en mesure de dévoiler les premières prévisions de récoltes pour la France comme à l’accoutumée à pareille époque puisque le blé et les orges accusent des retards de croissance de près de trois semaines.

Ceci dit, les mauvaises conditions climatiques durant le printemps ne remetttent pas en cause, au stade actuel des cultures, leur potentiel de rendement. Les conditions climatiques de mars à mai sont proches de l’année 1984 qui a été au final « l’année de la double récolte » ! Il faudra cependant attendre dans certaines régions, lorsque les épis se formeront, si les basses températures qui régnaient vers le 20 mai n’ont pas altéré la production de pollen et par conséquent la fécondation des céréales à paille.

Retour des pays de la mer Noire

En revanche, l’organisme public est en mesure de dévoiler quelques éléments sur la conjoncture des prix et des marchés mondiaux au cours des prochaines semaines. Ainsi, si la campagne de céréales de 2012/2013 s’achève, en France, avec des exportations de blé de 18,2 Mt vers les pays tiers (un niveau proche du record de 2010/2011), notre pays et ses voisins européens doivent s’attendre au retour des pays de la mer Noire avec des capacités d’exportationsde blé restaurées. Sauf accident climatique d’ici la récolte, les fortes chaleurs de mai ne remettent pas globalement en question, selon FranceAgriMer, le potentiel de production de la Russie, attendu avec 15 millions de tonnes à l’export, et de ses voisins (Ukraine et Kazakhstan) puisqu’avec les pluies récentes, les sols sont dorénavant pourvus en eau.

Les marchés à l’affut de la moindre information prennent déjà compte de cette situation puisque le prix de la tonne de blé passe sous le seuil de 200 €. Or, même si Arvalis n’a pas encore diffusé ses estimations sur les coûts de production pour la présente campagne, il est fort probable qu’ils se situent à un niveau au moins égal à celui de l’an passé de près de 178 €.

Autant dire que la nouvelle campagne commence avec des prix qui se rapprochent des coûts de production et que le revenu agricole pourrait alors ne reposer dans ces conditions que sur les aides Pac. Un signe de mauvais augure alors même que la réforme de la Pac conduirait à leur baisse.

Les rendements en blé se jouent dans les prochaines semaines

En fait, seul un rendement élevé atténuera l’impact du coût de revient attendu à la hausse sur le revenu final des céréaliers.  

Certes les bonnes conditions de culture de plus des deux tiers des blés et des orges d’hiver, même dans les régions très touchées par les précipitations intenses, montrent que le retard de développement des céréales, déjà mentionné précédemment, ne remet pas en cause le potentiel de production. Mais les céréales ne sont pas à l'abri d'un échaudage. Les rendements en blé se joue donc dans les toutes prochaines semaines !

En Allemagne, les inondations ne remettraient pas en cause le potentiel de production des grandes plaines céréalières faiblement touchées. Seule « la prime qualité » pourrait être affectée ce qui réduirait les capacités d’exportations de blé à forte teneur en protéine très convoité en France et par certains pays importateurs pour la fabrication de leur pain. Des grains en provenance des Etats-Unis qui seront aussi moins abondants puisque les semis de blé de printemps se sont déroulés dans de mauvaises conditions.